CHRONIQUE - ÉLOGE DES MAINS

Sur le fronton du Trocadéro, à Paris, on peut lire cette citation de Paul Valéry : « Dans ces murs voués aux merveilles, j'accueille et je garde les ouvrages de la main prodigieuse de l'artiste, égale et rivale de sa pensée, l'une n'est rien sans l'autre ».

Nous exerçons un métier où l'intégrité des mains est essentielle. Nous partageons cela avec les artisans, les artistes (les pianistes, les sculpteurs, les peintres), ou encore, osons-le, avec les hommes du sacré qui bénissent leurs fidèles. 

Nos mains sont nos outils, c'est entendu. Mais elles sont d'abord la partie la plus spirituelle de notre corps. C'est avec elles que nous saluons et créons le premier lien avec l'autre, c'est par elles que nous agissons. Nos mains sollicitent notre esprit, l'entrainent. Et puis oui, nos mains, compagnes inlassables, font leur besogne au quotidien. L'une tient le miroir tandis que l'autre actionne la turbine, le manche du bistouri, la caméra optique, la lampe à photo polymériser.

Dans la bouche de nos patients, elles exécutent des gestes précis, rigoureux et, pour beaucoup de leurs propriétaires dentistes, des gestes inscrits dans l'excellence d'une pratique médicale. Nos mains sont actions. Elles créent et, parfois, on dirait qu'elles pensent. Au repos, le long du corps ou posées sur la table, l'instinct et la volonté de l'action méditent en elles. On peut deviner le geste qu'elles vont faire. Quelles merveilleuses alliées, quelles amies intimes ! Sachons les apprécier au plus profond de notre être pour leur force et leur grâce.


Les petits bonheurs, les doutes et parfois les affres d'un exercice au quotidien en pratique généraliste vus par Valérie Travert, omnipraticienne.